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RECUEIL DE DOCUMENTS

SUR L'EXPÉDITION ET LA PRISE

de

CONSTANTINE,

PAR LES FRANÇAIS,

EN 1857,

POUR SERVIR A L'HISToire de cette campAGNE,

Avec un Atlas in-fo.

PARIS,

J. CORRÉARD Jo, ÉDITEUR D'OUVRAGES MILITAIRES,

RUE DE TOURNON, 20.

1838
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RECUEIL DE DOCUMENTS

SUR L'EXPÉDITION

ET LA

PRISE DE CONSTANTINE,

PAR LES FRANÇAIS, EN 1837,

POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE CETTE CAMPAGNE.

NOTICE SUR CONSTANTINE.

Constantine a été construite par les Romains, sur l'emplacement de l'ancienne Cirta. On retrouve la main des maîtres du monde dans les remparts en pierres noires de Constantine, si bien bâtis et travaillés au ciseau. Quelques savants soutiennent cependant que la nouvelle ville est moins grande que l'ancienne, et qu'il est facile de s'en assurer par certains signes qui prouvent que la presqu'île sur laquelle s'ouvre au sud-ouest la principale porte de Constantine était autrefois comprise dans la ville. Ce sont là des questions d'archéologie. Ce qu'il importe de remarquer, c'est la position de Cirta, qui n'a pas changé, et présente, sous les rapports du gouvernement et du commerce, les mêmes avantages que du temps des Romains. Cette ville, située au (Const.)

Geuthner 28 at 1923 (Tyt+ittas)

I

que

centre d'une riche province, commande les communications avec la mer, l'Atlas, les deux Mauritanies et tout le pays désigné par les Romains sous le nom de province d'Afrique. Les efforts firent les anciens maîtres du pays pour conserver Cirta dans la lutte contre Marius, Metellus et César, démontrent son importance sous le point de vue de la défense; sa valeur sous le point de vue de l'attaque et du commandement est prouvée par les établissements que les Romains y firent pendant la guerre et après la guerre. On peut dire que c'est de Constantine qu'ils gouvernaient l'Afrique. Jules César fonda une colonie à Cirta et lui donna le droit de cité romaine. Craint-on de s'égarer sur les pas de César?

Constantine est fortifiée merveilleusement par la nature. Le Rummel, profondément encaissé, lui sert de fossé et d'escarpe. Ce fleuve disparaît sous terre, et reparaît, comme le Rhône, au dessus de Seyssel, disparaît une seconde fois et reparaît encore pour se précipiter en cascades et couler dans un lit étroit et profond. On est porté à croire par l'inspection des lieux que le Rummel a été détourné de son cours naturel et amené à force de bras à former une ceinture à la ville. Cet ouvrage atteste assez l'importance et la richesse antique du pays. Constantine contenait, dans ces derniers temps encore, huit mille familles, c'est-à-dire plus de trente mille habitants. Elle n'avait autrefois que deux issues; aujourd'hui, elle en a quatre : la porte du Pont (Bab-el-Cantara), qui conduit au plateau de Mansourah, en passant sous le pont à trois rangs d'arcades superposées, bâti par les Romains et sous lequel le Rummel disparaît pour la première fois; la porte du Marché (Bab-el-Rahbah), qui va de plain-pied sur le mamelon du Coudiat-Aty, où était campée la brigade Trézel; la porte de l'Apport (Bab-el-Djabiah); et la porte de

la Rivière (Bab-el-Oued). C'est de ce côté opposé à Man sourah et Coudiat-Aty que la ville a été attaquée et enlevée.

Un superbe abreuvoir, situé dans la ville, est d'une ressource immense en temps de siége, et les silos, creusés dans le roć, où les habitants ont l'habitude de conserver le grain, sont aussi d'un grand secours. Nous ne parlons pas des monuments; il ne s'agit que d'utilité, et nous croyons qu'on ne soupçonne pas même en France celle que doit avoir Constantine, entourée de populations agricoles, auxquelles il est si facile d'inculquer nos idées sur la propriété. Ce ne serait d'ailleurs pas chose nouvelle; Polybe, dans l'éloge de Massinissa, rappelle que ce prince avait transformé la plupart des tribus nomades en tribus sédentaires. C'est à cette transformation que la Numidie doit les riches cultures dont elle jouit encore.

Constantine est située près de trois grandes rivières qui proviennent des sources appelées ingal ou noires. Ces rivières ont cessé d'être navigables par l'absence de tous travaux, comme il arrive dans tout pays (1). La Seybouse formait autrefois un beau port par 16 et 18 pieds d'eau. La barre qui obstrue l'entrée de ce fleuve est formée par les alluvions et les troncs d'arbres qu'il charrie pendant l'hiver. Rien ne serait plus facile que de déblayer cette barre, et des corvettes pourraient venir là où de misérables bateaux naviguent à peine aujourd'hui. Un canal très-court pourrait unir les trois rivières dont nous parlons: la Seybouse, l'Oued-el-Kebir et le Rummel. Ce dernier fleuve, qui prend sa source près de Constantine, va se jeter dans le golfe de Stora. Une ancienne voie romaine, en pierres noires, va de Constantine à Stora. Cette route, assez bien conservée, est

(1) De nouveaux renseignements ont appris qu'il n'y avait que deux rivières à Constantine.

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