Images de page
PDF
ePub

permis de déduire la loi générale d'un fait géologique aussi considérable.

M. le docteur Marès a vu dans l'Ouest, autour de la Dhâya-Hâbessa, des dunes qui contenaient des coquilles fossiles du terrain sur lequel elles reposaient, et, avec raison, il a conclu de son observation personnelle que ces dunes avaient été formées sur place.

M. F. Vatonne, ingénieur des mines, qui, comme moi, a traversé l'Erg entre El-Ouâd et Ghadàmès, mais à petites marches et de jour, et qui a pu étudier cette région avec plus de temps et de compétence, termine son excellent mémoire1 en émettant l'opinion qu'il ne peut exister aucun doute sur la formation des dunes sur place, formation due à la destruction des éléments constitutifs de la roche primitive.

« Cette destruction, dit-il, est due à la dilatabilité des roches, à « la présence du gypse, à l'action des agents atmosphériques, notam<«ment de l'eau, qui a amené à l'état farineux, c'est-à-dire à un état « de désagrégation complet, les roches de carbonate de chaux et de gypse; cette désagrégation de la roche amène un foisonnement, (( développe une pression intérieure sous laquelle les couches dures « des plateaux sont complétement brisées, etc. »

M. Vatonne, convaincu que la formation des dunes est due à cette cause unique, conclut de leur fixité, de l'absence de sables dans certaines cuvettes, de l'inégalité même de la surface des sables, que l'action des vents n'a d'autre effet que de déterminer les formes de quelques dunes, et ne peut être invoquée comme cause générale de formation.

Comme M. Vatonne, et quoique voyageant dans les dunes, à grande vitesse, nuit et jour, j'ai constaté des goûr rocheuses à côté de ghourd exclusivement composés de sables; comme lui, j'ai aussi été frappé du grand nombre de roches à l'état de décomposition. Toutefois ce fait de désagrégation des roches n'est pas une exception limitée à la région de l''Erg, mais l'effet d'une loi générale, commune à toutes les parties du Sahara que j'ai visitées.

Dans l'ensemble de mes études, j'ai été beaucoup plus frappé de la dénudation complète des hamâd et des montagnes à l'amont des bassins des dunes.

[ocr errors]

1. Mission de Ghadámès. Alger, 1863. Études sur les terrains et sur les eaux des pays traversés, par M. F. Vatonne, ingénieur des mines.

[subsumed][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][graphic][merged small]

J'ai été beaucoup plus surpris de l'élévation de ces témoins géologiques de l'ancien niveau du sol, que les indigènes appellent gára (pl. gour) et qu'on trouve, de distance en distance, dans chaque hamâda.

(Voir figure no 1 de la planche ci-contre.)

J'ai été non moins étonné, dans les massifs montagneux, de rencon trer, indépendamment de roches entièrement dénudées, ici, à Idinen, par exemple, une sorte de squelette décharné affectant les formes et les découpures les plus bizarres; là, à Takarâhet dans le Tasili, des blocs titaniens, supportés sur une base étroite et représentant l'action érosive des eaux sur les parties les plus tendres de la roche; ailleurs, dans la presque totalité des ouàdi, des berges de soixante à cent mètres de hauteur, taillées à pic comme des murailles, tantôt assez étroites pour qu'un chameau avec sa charge y passe difficilement, tantôt larges de plusieurs kilomètres, disposition géographique que les Touâreg désignent sous le nom spécial d'aghelad, correspondant au khanga des Arabes.

(Voir figures nos 2, 3, 4 et 5 de la planche ci-contre.)

Quand, par la pensée ou la plume à la main, j'additionne une à une la superficie des espaces dénudés autour de chaque groupe de dunes, quand j'établis le cube du vide que laissent entre eux tous les témoins géologiques du niveau de l'ancien sol et quand je compare la masse des matériaux enlevés ici et apportés là, soit par les pluies, soit par les vents, je me demande ce qu'est devenu le cube du vide, si les dunes sont formées sur place, car je ne retrouve pas le total des déblais dans l'ensemble des remblais, si considérable qu'il soit.

La carte qui accompagne le deuxième volume de cette étude comprend la totalité des divers groupes de dunes du Sahara occidental, entre le golfe de Gâbès dans la Méditerranée et le Sénégal sur la côte de l'Océan Atlantique.

Ces groupes sont au nombre de sept :

Celui d'Edeyen, du 27° au 28° latitude N. et du 6o au 12o longitude E.;

Celui de l'Erg, du 29° au 34° latitude N. et du 7° longitude E. au 3° longitude O.;

Celui d'Iguîdi, du 24° au 30° latitude N. et du 3o au 5o longitude O.;

Celui de Maghtîr, du 22o au 27° latitude N. et du 5o au 14° longitude O.;

Celui d'Adâfer, du 20° au 23° latitude N. et du 4° au 13° longitude O.;

Celui d'Akchar, du 19° au 23° latitude N. et du 16° au 18° longitude O.;

Celui d'Iguîdi des Tràrza, du 16° au 18° latitude N. et du 17o au 19° longitude 0.

La superficie des espaces que ces groupes de dunes couvrent (superficie très-approximative, bien entendu, hypothétique même dans beaucoup de cas), est de 45,000,000 d'hectares, savoir :

[blocks in formation]

A chacun de ces groupes de dunes correspondent des plateaux alimentateurs dont la superficie est triple environ, savoir :

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
« PrécédentContinuer »