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III.

HISTOIRE DES BENI-HAMDOUN, CONTEMPORAINS DE LA DYNASTIE FATEMIDE ET PRINCES D'EL-MECILA ET DU ZAB.

Le chef de cette famille se nommait Ali-Ibn-Hamdoun ‘-IbnSemmak-Ibn-Masoud-Ibn-Mansour-el-Djodami et portait le surnom d'Ibn-el-Andeloci (fils de l'Espagnol). Avant l'époque où les missionnaires fatemides commencèrent leurs démarches, pendant qu'Obeid-Allah et Abou-'l-Cacem étaient encore en Orient, il s'attacha au service de ces princes. Parti de Tripoli par leur ordre, il se rendit auprès d'Abou-Abd-Allah-es-Chi et reçut de lui l'accueil le plus honorable. Ayant ensuite rejoint ses maîtres, il ne les quitta plus, même pendant leur emprisonnement à Sidjilmessa; aussi, lors de l'établissement de leur autorité en Afrique, il dut à leur reconnaissance une position trèsélevée dans l'empire. En l'an 315 (927), Abou-Cacem étant revenu de son expédition en Maghreb, chargea Ibn-Hamdoun de surveiller la construction de la ville d'El-Mecîla. Quand ce travail fut terminé, Abou-'l-Cacem y établit son protégé en qualité de gouverneur de la province du Zab. El-Mecîla reçut alors le nom d'El-Mohammedïa. Pendant que ce prince assiégeait AbouYezid dans la montagne de Kiana, la ville d'El-Mecîla lui servit de dépôt d'approvisionnement. Ali-Ibn-Hamdoun garda le gouvernement du Zab jusqu'à la fin de ses jours. Djâfer et Yahya, fils d'Ali-Ibn-Hamdoun, furent élevés à la cour d'Abou-'l-Cacem, et la mère de Djâfer ailaita El-Mâdd [le même prince qui porta, plus tard, le surnom d']El-Moëzz. Lors des troubles qui agitèrent l'Ifrîkïa par suite de la révolte d'Abou-Yezîd, El-Caïm

1 Ibn-Khallikan écrit ce nom Hamdan, et notre auteur lui-même emploie le mot hamdani pour désigner la famille de ces chefs.

appela à son secours tous les partisans qu'il possédait dans les diverses provinces de l'empire, et il manda par écrit à [Ali-] Ibn-Hamdoun de lever des troupes parmi les tribus berbères et de les lui amener. En conséquence de cet ordre, Ibn-Hamdoun réunit une armée considérable et prit la route d'El-Mehdïa. S'étant d'abord dirigé vers Constantine, il rallia autour de son drapeau toutes les peuplades dont il traversait les territoires, et il se rendit aux environs de Bédja, en passant par Sicca-Veneria. Aïoub, fils d'Abou-Yezîd, qui occupait Bédja avec un corps nombreux de Nekkariens et de Berbères, marcha à la rencontre de ce chef et réussit, par une attaque de nuit, à le surprendre dans son camp. Ibn-Hamdoun s'enfuit et trouva la mort en tombant dans un précipice. Cet événement eut lieu en l'an 334 (945-6).

Quand la révolte d'Abou-Yezid fut étouffée, El-Mansour donna à Djâfer, fils d'Ali-Ibn-Hamdoun, le gouvernement d'El-Mecîla et du Zab. Yahya reçut l'autorisation de s'y établir avec son frère, et ce fut ainsi le commencement de la dynastie hamdanide. Ces deux princes y élevèrent des châteaux et des maisons de plaisance, tout en étendant leur autorité sur les régions environnantes. Leur cour devint le rendez-vous des savants, et parmi les poètes qui vinrent célébrer leurs louanges, on remarqua Abou'l-Cacem-Ibn-Hani, natif d'Espagne, dont les pièces composées en l'honneur des Hamdanides sont encore citées avec éloge1.

La jalousie et l'ambition suscitèrent une vive inimitié entre Djâfer-Ibn-Ali-Ibn-Hamdoun et Zîri-Ibn-Menad. L'expédition que celui-ci entreprit dans le Maghreb lui fournit l'occasion de nuire à son rival, et, tout en châtiant les Zenata, il gratifia sa haine en desservant Djâfer auprès du khalife [fatemide]. Il est vrai que Djâfer avait tenu une conduite peu franche; s'étant montré favorable aux Zenata et à Mohammed-Ibn-Khazroun,

Le recueil des poésies d'Ibn-Hani se trouve dans la Bibliothèque impériale. On y remarque plusieurs poèmes composés en l'honneur des princes hamdanides.

émir des Maghraoua. En l'an 360 (970-1), El-Moëzz se décida à prendre le Caire pour sa résidence et manda à la cour DjâferIbn-Ali, dans l'intention, à ce que l'on prétend, de lui donner le gouvernement de l'Ifrikïa, et d'accorder le gouvernement du Maghreb à Ziri et à Bologguîn, fils de Zîri. Comme Djâfer ne s'empressa pas d'obéir, El-Moëzz ordonna à Djâfer l'esclavon d'aller le chercher. Cette démarche excita la méfiance de DjâferIbn-Ali qui partit aussitôt avec ses troupes pour se joindre aux Zenata. Ayant ainsi rompu les liens qui l'attachaient au khalife El-Moëzz et aux Sanhadja, il rallia les Zenata autour de lui et les décida à répudier l'autorité des Fatemides pour reconnaître celle d'El-Hakem-el-Mostancer [le khalife oméïade d'Espagne]. A cette occasion Zîri se hâta de l'attaquer, espérant le prendre au dépourvu, mais la fortune ne le séconda pas, et, pendant que ses troupes abandonnaient le champ de bataille, son cheval s'abattit sous lui et le laissa au pouvoir de l'ennemi. Les Zenata lui coupèrent la tête, et Yahya-Jbn-Ali-Ibn-Hamdoun partit pour l'Espagne avec plusieurs notables zenatiens, afin de présenter ce trophée à El-Mostancer, souverain de Cordoue. Cette députation informa le prince oméïade qu'on venait de proclamer son autorité en Afrique et que son appui leur était indispensable. Il en accueillit les membres avec une grande bienveillance, les combla de dons et fit exposer la tête de Ziri au marché de Cordoue. Yahya-Ibn-Ali fut élevé au faîte des honneurs et reçut une place à côté du trône.

Djâfer-Ibn-Ali s'aperçut bientôt que les Zenata convoitaient ses trésors, et, ne pouvant compter sur la protection de leurs chefs qui étaient eux-mêmes mal disposés les uns pour les autres, il s'embarqua secrètement avec les gens de sa maison, ses esclaves et ses trésors, passa le Détroit et se rendit à Cordoue. Les personnes les plus considérables de la population zenatienne l'accompagnèrent afin de cimenter leur alliance avec le souverain oméïade et de prendre l'engagement de soutenir sa cause. La reception honorable qui les y attendit combla toutes leurs espérances; ils repartirent, pleins de dévouement et bien résolus de surpasser les Idrîcides et les Beni-Ifren par le zèle qu'ils déployeraient dans

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le Maghreb en faveur de la dynastie oméïade. Djåfer et Yahya, fils d'Ali-Ibn-Hamdoun, restèrent à la cour de Cordoue, et malgré leur soumission de fraîche date, ils se virent inscrits sur la liste des vizirs et gratifiés de fortes pensions. Quelque temps après, leur oubli des égards dus au khalife leur attira une leçon qui les rendit plus prudents: appelés au palais, ils У furent emprisonnés pendant plusieurs jours.

L'indisposition d'El-Mostancer, qui venait d'être atteint d'une paralysie d'un côté du corps, affaiblit à un tel degré l'influence du gouvernement oméïade en Maghreb, que les ministres espagnols jugèrent nécessaire de renforcer les garnisons des villes frontières. Djâfer-Ibn-Ali-Ibn-Hamdoun fut chargé par le grand chambellan El-Mashafi d'aller prendre le commandement des provinces africaines en remplacement de Yahya-Ibn-MohammedIbn-Hachem, rappelé en Espagne. De cette manière on opposa aux Zenata un chef capable de les contenir. Yahya, frère de Djâfer, reçut aussi un commandement dans le Maghreb. Ces deux chefs partirent pour leur destination, après avoir été revêtus de robes d'honneur, et ils emportèrent une forte somme d'argent et quantité de belles pelisses qu'ils devaient distribuer aux princes de ce pays. En l'an 365 (975-6), Djâfer arriva en Maghreb où il parvint à faire reconnaître son autorité et à réunir sous ses ordres les chefs des Beni-Ifren, des Maghraoua, des Miknaça et d'autres branches de la grande famille zenatienne.

Quand Hicham succéda au khalifat, après la mort d'El-Hakemel-Mostancer, son visir, El-Mansour-Ibn-Ahi-Amer, établit dans la ville de Ceuta une forte garnison composée de troupes impériales et y installa plusieurs fonctionnaires, tant civils que militaires, tous choisis parmi ses propres créatures. Le reste du pays fut confié à la garde des princes zenatiens dont on s'assura le dévouement par des dons d'argent et des robes d'honneur. Chaque fois qu'ils se rendaient à la cour, on les comblait de prévenances et on accordait à ceux qui en faisaient la demande la faveur d'être inscrits sur la liste des militaires soldés par l'état. Pendant qu'El-Mansour travaillait à régulariser l'administration de l'empire et à étendre l'influence du gouvernement

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