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[l'an'07-1016), lors de la chute des Oméïades espagnols, apparlenaient aussi à la famille d'Idris. Messala tourna ensuite ses armes contre Sidjilmessa et installa son cousin dans cette ville, après en avoir tué le princu midraride qui y exerçait la souve

у raineté et qui avait repoussé la domination des Fatemides 4. Il so mit à la poursuite des Zenata et leur livra plusieurs combats dans diverses parties du Maghreb, mais il tomba enfin sur le champ de bataille, frappé à mort par Mohammed-Ibn-Kbazer, de la tribu des Maghraoua .

La perte de cet habile capitaine irrita vivement le souverain fatemide et le décida à envoyer contre les Maghraoua une nouvelle armée de Ketamiens. Mohammed-Ibn-Khazer mit ce corps en déroute, et, par l'éclat de sa victoire, il ébranla le Maghreb entier. Aussi, en l'an 345 (927-8), le Mehdi dut-il y dépêcher

y son fils Abou-'l-Cacem à la tête d'une colonne à laquelle les Ketama et les autres tribus partisans des Falemides avaient envoyé leurs contingents. Ce prince refoula Ibn-Khazer dans le Désert, envahit les territoires des Mezata, des Matmata, des Hoouara et des autres peuples qui professaient les doctrines des Eibadites et des Sofrites. Passant ensuite auprès de Tèhert, capitale du Maghreb central, il s'avança toujours, pénétra dans le Rif et s'empara de Nekoor, ville maritime de cette région. Ensuite, il marcha sur Djeraoua, où il assiégea le prince idricide, El-Hacen-Ibn-Abi-'l-Aich. Après avoir soumis les provinces du Maghreb, il effectua sa retraite sans opposition. En passant par l'endroit où s'élève maintenant la ville d'El-Mecîla, il y trouva les Beni-Kemlan, tribu hoouaride, et, comme il les croyait mal disposés pour le gouvernement de l'lfrîkïa, il les transporla dans la plaine de Cairouan. Bieniðt après, Dieu permit que celle tribu embrassât la cause d'Abou-Yezid, l'homme à l'âne. Au moment

Voy, t. I, p. 261. ? En l'an 313 (925-6), une flolle musiimane, sous les ordres de Salem-Ibn-Rached, quilta la Sicile, d'après les instrụctions du Mebdi, et fit une descenle sur la côle de la Lombardie. Ensuite, elle alla débarquer des troupes dans la Calabre où elles portèrent la dévastalion.

d'éloigner les Beni-Kemlan de leur pays, il y posa les fondalions d'une ville qu'il nomma El-Mohammedïa et que l'on appelle maintenant El-Mecîla.

Ali-Ibn-Hamdoun-el-Andeloci, l'un des protégés de la cour des Fatemides, eut l'ordre de terminer la construction de cette place, et, quand il l'eut fortifiée et approvisionnée, il en reçut le commandement avec le titre de gouverneur du Zab. On verra plus loin qu'El-Mecila fut très-utile au souverain fatemide, ElMansour, par la résistance qu'elle offrit à Abou-Yezid.

Ces événements furent suivis par la révolte de Mouça-Ibn-Abi’l-Afia, gouverneur de Fez et du Maghreb, qui abandonna le parti des Fatemides pour celui des Oméïades d'Espagne. Le Mehdi envoya contre lui Ahmed-Ibn-Isliten le Miknacien, un de ses principaux généraux. Les deux armées se rencontrèrent dans la plaine de Messoun, et la défaite des Miknaça força leur chef, Ibn-Abi-'l-Afia, à sortir du Maghreb et à se réfugier dans le Désert. Ibn-Isliten s'en retourna aussitôt qu'il eut rétabli l'ordre dans le pays insurgé.

& VII.

MORT DU MEIDI, OBEID-ALLAH, ET AVÉNEMENT DE SON

FILS ABOU-'L-CACEM.

Obeid-Allah le Mehdi mourut dans le mois de Rebiâ premier 322 (février-mars 934) et dans la vingt-quatrième année de son khalifat. Il eut pour successeur son fils, Abou-'l-CacemMohammed, surnommé El-Caïm biamr Illah (qui maintient l'ordre de Dieu), et appelé par quelques personnes AbouNizar. Le nouveau khalife ressentit un si vif chagrin de la mort de son père que, depuis cet événement, il ne monta plus à cheval, dit-on, excepté à deux occasions. Sous son règne eurent lieu plusieurs révoltes, dont celle d'Ibn-Talout le Coreichide. Cet aventurier souleva la province de Tripoli en se donnant pour le fils du Mehdi; il se présenta même devant Tripoli pour en faire le siége, mais, ayant laissé découvrir son imposture, il fut tué par les Berbères,

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Mouça-Ibn-Abi-'l-Asia , encouragé par la mort du Mehdi, sentra dans le territoire du Maghreb, s'empara de toute cette région et donoa le gouvernement de Fez à Ahmed-ibn-BekrIbn-Sehl-el-Djodami. Il s'occupait à assiéger les Idricides, princes du Ril et de Ghomara, quand Meiçour l'eunuque arriva de Cairouan, à la tête d'une armée, enleva Fez à El-Djodami, se mit à la poursuite d'Ibn-Abi-'l-Afïa, lequel lui livra plusieurs combals dans un desquels il perdit son fils El-Bouri. Les Idrîcides du Rif réunirent leurs forces à celles de Meiçour et l'aidèrent à à chasser du pays leur ennemi commun.

En l'an 324 (933-6), Meiçour reprit la route de Cairouan, après avoir accordé les états d'Ibn-Abi-'l-Afia et les contrées voisines à El-Cacem-Ibn-Mohammed-Ibn-Idris, surnommé Kennoun, qui était alors chef de la famille des idricides. Ce prince devint ainsi seigneur de tout le Maghreb, excepté Fez, et у

fit reconnaître la souveraineté des Fatemides, Une flotte nombreuse, commandée par Yacoub-Ibn-Ishac, fut alors expédiée par Abou-'l-Cacem contre les côtes du pays des Francs. Cette armée répandit la dévastation dans ces contrées, enleva beaucoup de prisonniers, assiégea la ville de Gênes et s'en empara par une faveur spéciale de Dieu. Elle passa ensuite auprès de Sardaigne, île appartenant aux Francs, et y lua beaucoup de monde "; puis elle se dirigea vers les côtes de la Syrie et brûla les navires qui se trouvaient dans le port de Cæsarée .

Voici en quels termes Ibn-el-Atbîr rend compte de cette expédition : « En l'ap 323, El-Caïm fit partir une flotle de l'Afrique pour altaquer le pays des Francs. Ses troupes s'emparérent de la ville de Gêpes et opérèrent ensuite une descente en Sardaigne où elles atta quèrent les habitants et brûléreot un grand nombre de pavires. Eosuite, la flotte alla incendier les pavires qui se trouvaient dans les parages de la Calabre, et elle en revint saine et sauve. »

2 Cette ville, située sur la côte de la Syrie, à douze lieues S.S. O. de St-Jean-d'Acre, appartenait alors à Ikhchîd-Ibc-Tordj, souverain de l’Egypte. A la place de Casarée (Caisarïa), le manuscrit porte Carkicia, nom d'une ville située sur l'Euphrate.

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T.II.

Abou-'l-Cacem envoya ensuite son affranchi Zeidan contre l'Egypte. Cet officier se rendit maîlre d'Alexandrie ; mais il dut s'en éloigner et rentrer en Maghreb pour éviter une rencontre avec les troupes qu'El-Ikhchid (souverain de ce pays) expédia contre lui du Vieux-Caire.

$ VIII.

HISTOIRE D'ABOU-Yezid LE KAARRDJITE.

Abou-Yezid-Makhled était fils de Keidad, natif de Castilia. Il paquit dans le Soudan, où son père avait l'habitude de se rendre pour faire le commerce, et il passa sa jeunesse à Touzer, où il apprit le Coran et fréquenta les Nekkarïa, secle kharedjite que l'on désigne aussi par le nom de Sofrite. Séduit par leurs doctrines, il en devint le prosélyle ; puis, il alla tenir une école d'enfants à Tehert. Quand le Chtite marcha sur Sidjilmessa pour délivrer le Mehdi, Abou-Yezid se retira à Takious et y passa son temps à enseigner. Entraîné par le fanatisme, il déclara infidèles les personnes qui professaient la religion (orthodoxe); décidant que, par ce fait même, elles avaient encouru la peine de mort et la confiscation de leurs biens. Il posa aussi en principe l'obligation de se révolter contre le sullan.

En l'an 316 (928-9), il se mit à faire la police des mœurs et travailla à supprimer les abus qui portaient scandale à la religion. De cette manière il gagoa tant de partisans qu'à la mort du Mehdi, il se vit assez fort pour lever l'étendard de la révolte. Ayant pris un âne pour monture et adopté le titre de Cheikh des vrais croyants, il se montra aux environs de l'Auras dont il somma les populations d'embrasser la cause d'En-Nacer, le prince oméîade qui régnait en Espagne. Secondé par une foule de Berbères appartenant à diverses tribus, il défit le gouverneur de Baghaïa qui était sorti pour l'attaquer, et alla de suite mettre le siége devant celle ville. N'ayant pu réussir dans celle tentative, il décampa et fit passer un écrit aux Beni-Ouacin, tribu berbère de la province de Castilia, leur ordonnant de faire le siége de Touzer. On obéit à celte injonction, de sorte qu'en l'an 333 (944-5), Touzer fat complètement bloquée. Il reçut ensuite à composition les villes de Tebessa et de Mermadjenna. Ayant pris pour monture un âne gris dont un homme de Mermadjenna lui avait fait cadeau, il fut dès-lors appelé l'Homme à l'ano. Son habillement consistait en une chemise de laine, assez courte et à manches étroites. Ayant dispersé l'armée ketamienne établie près de Laribus, il pilla celle ville, la livra aux flammes et massacra loutes les personnes qui s'étaient réfugiées dans la grande mosquée. Un délachement de ses troupes s'empara de Sbiba el en lua le

gouverneur. Quand El-Caïm eut connaissance de cette révolte, il se borna à dire : « Sans aucun doute, cet homme s'avancera jusqu'au mosolla d'El-Mehdia. » Il expédia alors des troupes à Cairouan el à Raccada; il chargea Meiçour, l'eunuque, d'aller combattre le rebelle et dépêcha vers Bédja un corps d'armée sous les ordres de son affranchi Bochra. Abou-Yezid attaqua celui-ci, l'obligen à se jeter dans Tunis, el mit le feu à Bédja après l'avoir livré au pillage. Les hommes et les enfants furent massacrés par son ordre, et les femmes réduites en esclavage. Se voyant soulenu par de nombreuses tribus berbères, il adopta l'usage des tentes, des drapeaux et de tout l'appareil de la guerre. Une armée que Bochra fit partir de Tunis pour le combattre fut mise en déroute; Bochra lui-même s'enfuit de cette ville, et les habitants délaissés firent leur soumission au vainqueur et reçurent de lui un nouveau gouverneur. El-Caïm ayant alors appris qu'AbouYezid marchait sur Cairouan, ordonna à Bochra d'aller le combattre et lui recommanda de se faire précéder par des éclairours. Le chef insurgé avait pris la même précaution, mais son arméo fut mise en déroulo, laissant les corps de quatre mille cavaliers sur le champ de bataille. Les prisonniers faits dans cette journée furent emmenés à El-Mehdïa el mis à mort.

Abou-Yézid vint encore attaquer les troupes kelamiennes, en refoula l'avant-garde dans Cairouan, et, soutenu par une armée de cent mille hommes, cerna la ville de Raccada. Khalil-ibnIshac, gouverneur de la place, s'était attendu à voir Meiçour arriver quand l'ennemi fil son apparition, et, bien qu'il se trouvat

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