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tant il fut affaibli par une blessure reçue dans la mêlée. Parmi le grand nombre d'officiers et de domestiques qu'il laissa morts sur le champ de bataille, on cita particulièrement Mohammed-elMediouni. Son camp fut livré au pillage, et ses fils, Ahmed et Omar, tombèrent entre les mains des vainqueurs. On emmena ces princes à Tlemcen où ils restèrent pendant quelque temps; mais Abou-Tachefin ayant conçu le désir de mettre un terme aux hostilités, les renvoya à leur père avec un ambassadeur portant des propositions de paix. Les premières avances à un racommodement furent ainsi faites par le souverain de Tlemcen, mais elles n'amenèrent aucun résultat.

il

Après cette bataille, Ibn-Abi-Amran marcha sur Tunis et en prit possession dans le mois de Safer 730 (nov.-déc.4329); mais y resta sans autorité et se vit exclu de l'exercice du pouvoir par Yahya-Ibn-Mouça, le général abd-el-ouadite. Quand cet officier s'en retourna auprès de son souverain, le sultan AbouYahya-Abou-Bekr quitta Constantine à la tête des nouvelles levées qu'il venait d'organiser en corps d'armée, et prit la route de Tunis. Par cette démonstration il força Ibn-Abi-Amran à prendre la fuite. et, dans le mois de Redjeb de la même année (avril-mai 1330), il rentra dans sa capitale.

UNE AMBASSADE

HAFSIDE SE REND A LA COUR MERINIDE POUR LA POUSSER A LA GUERRE CONTRE LES BENI-ABD EL-OUAD. LIANCE MATRIMONIALE ENTRE LES DEUX DYNASTIES.

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AL

Après la bataille de Rîas, le sultan Abou-Yahya-Abou-Bekr se réfugia dans la ville de Bône d'où il se rendit à Bougie par mer. Réduit à la dernière extrêmité par les attaques incessantes des Beni-Abd-el-Ouad, par leurs incursions dans ses états et par leur persistance à vouloir réduire la ville de Bougie, il résolut d'envoyer une ambassade au sultan [mérinide] Abou-Saîd, roi de Maghreb, afin de rappeler au souvenir de ce prince la bonne harmonie qui avait régné autrefois entre leurs familles, et les nombreux motifs de haine et de vengeance qui devaient animer

les Beni-Merîn contre les Beni-Abd-el-Ouad. Pour se mettre à l'abri de l'inimitié que ceux-ci lui avaient vouée, il ne vit d'autre ressource que de leur attirer l'hostilité du gouvernement mérinide. Il choisit pour cette mission son fils, l'émir AbouZékérïa, auquel il donna pour conseiller et orateur d'ambassade, le cheikh almohade, Abou-Mohammed-Ibn-Tafraguîn. Les deux envoyés s'embarquèrent à Bougie et allèrent descendre au port de Ghassaça. Leur arrivée produisit une grande sensation dans le Maghreb, et le souverain de ce pays s'empressa de leur accorder la réception la plus honorable et l'hospitalité la plus magnifique. Il consentit aussi à faire la guerre aux Beni-Abd-el-Ouad moyennant la coopération des Hafsides, et il convint avec ces envoyés qu'à un jour fixe, il se trouverait avec son armée sous les murs de Tlemcen et que leur sultan s'y trouverait aussi avec la sienne.

Déjà, en l'an 721 (1324), Abou-Saîd avait envoyé Yahya-erRendahi, commandant de la flotte de Ceuta, auprès du sultan Abou-Yahya-Abou-Bekr avec la mission de lui proposer un prince mérinide pour gendre; mais, à cette époque, le souverain hafside était tellement occupé par la révolte d'Ibn-Abi-Amran qu'il lui fut impossible de prendre cette demande en considération. Plus tard, ce projet fut repris, et Abou-Saîd désigna IbrahimIbn-Abi-Hatem-el-Azéfi comme son représentant auprès du sultan hasside. Cet agent diplomatique partit avec les membres de l'ambassade et arriva à Tunis vers la fin de l'an 730 (sept.oct. 1330). Ce fut justement à l'époque où Abou-Yahya-AbouBekr venait de venger sa défaite et de chasser ses ennemis de la capitale que cette ambassade revint combler son bonheur et lui annoncer que le sultan du Maghreb allait marcher contre Tlemcen. Ibrahim-el-Azéfi lui demanda alors la main d'une de ses filles pour l'émir Abou-'l-Hacen, fils du sultan Abou-Saîd, et obtint celle de Fatema, sœur germaine d'Abou-Zékérïa, du même émir qui s'était rendu auprès du souverain mérinide en qualité d'ambassadeur. En 731, on embarqua la princesse sous la conduite d'Abou-'l-Cacem-Ibn-Ottou, cheikh almohade, et du saint ascétique Mohammed-Ibn-Soleiman. Elle fut reçue en Maghreb avec

de grands honneurs et les plus vives démonstrations de tendresse et d'affection. Les fiançailles, les fêtes, la procession et le festin de noces furent dignes de la grandeur des deux empires et produisirent un effet dont le souvenir dure encore.

LE SULTAN ABOU-YAHYA-ABOU-BEKR PART POUR LE MAGHREB.
RETRAITE DES ABDEL-OUADITES ET DESTRUCTION DE

TEMZEZDEKT.

1/4

En l'an 734 (1331), à la suite des événements que nous venons de raconter, eut lieu la mort d'Abou-Said, sultan du Maghreb, et l'avènement de [son fils] Abou-'l-Hacen. Le nouveau souverain fit inviter Abou-Tachefin à mettre un terme aux hostilités qui désolaient le pays des [Hafsides-]Almohades, et, ayant reçu de ce prince un refus très-insolent, il se mit en campagne, l'an 732, afin de le châtier et de secourir ses alliés. Pendant qu'il pressait sa marche à travers les contrées qui le séparaient de Tlemcen, l'armée abd-el-ouadite quitta les environs de Bougie pour rejoindre son sultan. Abou-'l-Hacen se détourna alors de Tlemcen et poussa en avant afin de reconnaître la position des choses à Bougie et de paralyser les efforts du corps d'armée qui maintenait le blocus de cette place-forte. D'après son ordre, un détachement, commandé par Mohammed-el-Botouï, s'embarqua à Oran pour la ville assiégée. Ce renfort y fut reçu avec les honneurs militaires et obtint du gouvernement hafside la solde et les rations.

Le sultan Abou-Yahya-Abou-Bekr ayant été invité par le sultan Abou-'l-Hacen à se mettreen campagne et à prendre part au siége de Tlemcen, ainsi que cela avait été convenu avec l'émir Abou-Zékérïa, commença à réorganiser son armée et à faire les préparatifs nécessaires pour cette expédition. Pendant l'espace d'un mois Abou-'l-Hacen l'attendit à Teçala, et la saison des pluies était tout-à-fait passée quand il reçut la nouvelle que son frère, Abou-Ali, seigneur de Sidjilmessa, venait d'envahir le Derâ, au mépris de son serment de fidélité, et qu'il avait fait mourir le gouverneur de cette province. Après s'être fait donner

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le gouvernement de Sidjilmessa par son père, ce prince avait fait un traité avec Abou-'l-Hacen, traité dans lequel il prit l'engagement de ne pas attaquer le Derâ et de se contenter de la province qu'il possédait déjà. La nouvelle de cette révolte obligea le sultan à rentrer en Maghreb pour y rétablir l'ordre.

Le sultan Abou-Yahya-Abou-Bekr partit enfin de Tunis, à la tête d'une armée nombreuse et parfaitement équipée. Arrivé à Bougie, il chargea son avant-garde d'expulser les Abd-el-ouadites des forts dont ils avaient cerné la ville; puis il mena toute son armée contre Temzezdekt. La garnison évacua la place à son approche et permit aux troupes hafsides de la ruiner de fond en comble. Les trésors et les armes que l'on y avait amassés devinrent la proie du vainqueur. De là le sultan marcha sur El-Mecîla, ville tout aussi réfractaire que Temzezdekt, et sejour ordinaire de la famille des Seba-Ibn-Yahya, chefs des Douaouida.

Le commandement des Douaouida se partageait alors entre Soleiman, fils d'Ali-Ibn-Sebâ, Yahya, frère de Soleiman, Othman-Ibn-Sebâ, leur oncle, et Said, fils d'Othman. Ces chefs avaient entraîné la tribu entière dans le parti du souverain de Tlemcen et donné toutes les facilités au passage des troupes qui venaient occuper ou dévaster les provinces de l'empire hafside. Pour les récompenser de ce service, Abou-Tachefîn avait ajouté à leurs possessions la ville d'El-Mecîla et les montagnes de Metennan, de Ouannougha et d'Aïad.

Quand le sultan hafside eut dispersé l'armée abd-el-ouadite, détruit les forts qui incommodaient Bougie et rendu à cette ville les provinces qu'elle avait perdues, il se dirigea vers le pays des Douaouida. Son intention était de reprendre les districts qu'on lui avait enlevés et d'y rétablir son autorité. Le projet de cette expédition avait été hautement approuvé par Ali-Ibn-Ahmed, chef des Aulad-Mohammed, famille rivale et ennemie des AuladSebâ, sur lesquels elle avait à venger la mort de plusieurs de ses membres. Arrivé à El-Mecîla, il en abattit les murailles et y porta la dévastation. Il était encore dans cette ville, quand on vint lui annoncer qu'Abd-el-Ouahed, fils du sultan AbouYahya-el-Lihyani, marchait sur Tunis.

Abd-el-Ouahed revint de l'Orient en 729, après la mort de son père, et fixa son séjour au milieu des Debbab où il reçut d'Abd-el-Mélek-Ibn-Mekki, principal cheikh de Cabes, le serment de fidélité. Le bruit de cet événement se répandit rapidement, et Hamza-Ibn-Omar, voyant l'Ifrîkïa dégarnie de troupes, alla trouver le prince et lui offrit ses services. Il s'avança alors jusqu'aux portes de Tunis avec ses gens et y dressa son camp pendant qu'Abd-el-Ouahed, accompagné de son chambellan Ibn-Mekki, alla s'établir dans la ville. Quinze jours plus tard, on vit paraître l'avant-garde du sultan commandée par Mohammed-el - Botouï. Abd-el-Ouahed et ses partisans prirent aussitôt la fuite et laissèrent cet officier occuper la ville. Le sultan lui-même y fit son entrée dans les premiers jours de Choual 732 (commencement de juillet 1332).

CHUTE DU CHAMBELLAN MOHAMMED-IBN-SEÏD-EN-NAS.
PAR IBN-ABD-el-azîz et Ibn-EL-HAKIM.

IL EST REMPLACÉ

Nous avons déjà parlé de l'origine d'Ibn-Séïd-en-Nas et mentionné que son père, Abou-'l-Hocein, avait été chambellan de l'émir Abou-Zékérïa, seigneur de Bougie1. Abou-'l-Hocein mou rut en l'an 690 (1291), laissant son fils Mohammed sous la protection du sultan. Elevé dans le palais avec les enfants du souverain, ce jeune homme grandit au sein de la famille royale, et, comme ceux qui occupaient, pendant sa jeunesse, la place de chambellan, tels qu'Ibn-Abi-Djebbi et Er-Rokhami, avaient été les protégés de son père, il obtint d'eux les plus grands égards et même la préséance sur eux-mêmes.

Ce fut sous l'administration du chambellan Ibn-Ghamr que Mohammed-Ibn-Séïd-en-Nas atteignit l'âge qui inspire aux hommes le désir de se distinguer. Ibn-Ghamr avait beaucoup d'estime pour lui et, ayant reçu du sultan [Abou-Yahya-Abou

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Voy., ci-devant, p. 404.

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