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Ardja et de Bernès; mais la généalogie des trois autres n'offre rien de certain. Même celle des Sanhadja a paru obscure à IbnHazm, car il déclare qu'on ignore également le père des Lamta et celui des Sanhadja.

Les Lamta, les Guezoula et les Heskoura habitent le Sous et les régions du Désert qui avoisinent ce pays. Leurs populations remplissent aussi les montagnes et les vallées de l'Atlas.

La majeure partie de la tribu des Lamta demeure dans le voisinage des Sanhadja porteurs du litham. Elle se partage en un grand nombre de branches dont la plupart sont nomades et vivent sous la tente. Dans le Sous, il s'en trouve deux fractions, les Zegguen [ou Zogguen] et les Lakhs [ou Lakhès], peuplades qui se sont incorporées dans la tribu des Doui-Hassan, Arabes makiliens. Le reste des Lamta habite le Désert avec les peuples porteurs du litham, et ils se tiennent, presque tous, au midi de Tlemcen et de l'Ifrîkïa.

C'est à la tribu des Lamta qu'appartenait le jurisconsulte Ou-Aggag-Ibn-Zîri', disciple d'Abou-Amran-el-Faci. Il habita Sidjilmessa et eut pour disciple Abd-Allah-Ibn-Yacîn, fondateur de l'empire lemtounien.

Les Guezoula forment un grand nombre de branches dont la plupart se tiennent dans le Sous, auprès des Lamta, avec lesquels elles sont tantôt en paix, tantôt en guerre. On y trouve aussi quelques peuplades nomades appartenant à la tribu des Guezoula qui, avant de pénétrer dans cette province, avaient eu des conflits avec les Makil. Ayant effectué leur entrée dans le Sous, elles se laissèrent dompter par leurs anciens adversaires dont elles sont maintenant, soit les sujets, soit les confédérés.

Quant aux Heskoura, on les compte, de nos jours, au nombre des tribus masmoudiennes et on les regarde comme partisans de la doctrine almohade. Ils se partagent en plusieurs branches formant des tribus considérables par le nombre et occupant cette partie des montagnes de Deren qui a Tedla au [nord-Jest et le

Ci-devant, p. 68, Ibn-Khaldoun écrit Zellou. Dans un des manuscrits de la géographie d'El-Bekri, on lit Zeloui.

Derâ au sud. Une partie de ce peuple embrassa la cause du Mehdi quelque temps avant la prise de Maroc, mais le reste ne s'y rallia que plus tard. C'est pour cette raison qu'ils ne passent pas pour Almohades aux yeux de beaucoup de monde, et ceux mêmes qui leur reconnaissent cette qualité leur refusent le titre de devanciers. En effet, ils s'étaient d'abord montrés hostiles au Mehdi et avaient livré plusieurs batailles à ses affidés et partisans. A cette époque, ils professaient ouvertement leur haine pour cet imam et le maudissaient publiquement; leurs prédicateurs avaient même l'habitude de dire, dans les réunions où ils célébraient la prière : « Que la malédiction de Dieu soit sur les » Hintata, les Tînmelel et leur cheikh, guide aveugle qui les » égare. » Plus tard, ils firent leur soumission, mais comme ils n'avaient pris ce parti qu'après la conquête de Maroc par les Almohades, ils ne purent obtenir aucun des priviléges dont les Hintata, les Tînmelel, les Hergha et les Hezerdja jouissaient en leur qualité de devanciers.

Les Heskoura forment un grand nombre de tribus telles que les Mastaoua, les Ghodjdama, les Fatouaka, les Zemraoua, les Aintîft, les Aînoultal, les Beni-Sekour et plusieurs autres dont je n'ai pas les noms présents à la mémoire. Vers la fin de l'empire almohade, ils reconnaissaient pour chef Omar-Ibn-Oucarît, intrigant dont il sera souvent question dans l'histoire des khalifes almohades, El-Mamoun et Er-Rechid. Omar eut pour successeur Masoud-Ibn-Gueldacen, soutien principal d'AbouDebbous, et aïeul, je le présume, des Beni-Masoud-Ibn-Gueldacen, chefs actuels de la tribu. Cette famille appartient à la tribu de Fatouaka et s'appelle ordinairement les Beni-Khattab. Comme l'autorité n'est jamais sortie de leurs mains, l'opinion que je viens d'émettre me semble bien fondée. Lors de la chute des Almohades, les Heskoura opposèrent quelque résistance aux Mérinides, et, depuis lors, ils ont continué à leur montrer alter

1 Ci-après, dans le commencement de l'histoire des Almohades, on, trouvera l'explication de ce terme.

2 Je lis el-motecebbeb,

nativement des dispositions bienveillantes et des sentiments hostiles. Leur territoire avait longtemps servi d'asile aux Arabes de la tribu de Djochem qui voulaient se soustraire à la domination mérinide et offrait un refuge assuré aux princes de la famille royale qui se jetaient dans la révolte. A la fin, cependant, ils consentirent à payer l'impôt et les contributions exigés par ce gouvernement, mais ce furent toujours eux-mêmes qui en prélevèrent le montant. A l'instar des populations masmoudiennes, ils allaient se ranger sous les drapeaux du sultan quand il leur adressait une sommation à cet effet.

Les Aîntîft prennent leurs chefs dans la maison des Hennou.. Youçof-Ibn-Meknoul', membre de cette famille, s'établit dans Taffyout, forteresse qu'il s'était fait construire et que ses fils, Ali et Makhlouf, continuèrent à fortifier après sa mort. Il eut pour successeur son fils Makhlouf. En l'an 702 (1302-3), ce chef se mit en révolte, mais, quelque temps après, il fit sa soumission. Ce fut lui qui arrêta Youçof-Ibn-Abi-Eïad, [prince mérinide] qui s'était révolté à Maroc, en l'an 707, sous le règne d'Abou-Thabet, et dont nous raconterons ailleurs l'histoire. Se voyant reduit aux abois, Youçof courut se réfugier auprès de Makhlouf et fut livré par lui au sultan. Un service aussi important procura à ce chef sa rentrée en grâce. Le commandement passa de Makhlouf à son fils Hilal; et, jusqu'à nos jours, l'autorité s'est constamment maintenue dans cette famille.

Les Afnoultal reconnaissent pour chefs les Aulad-Teroumit. Sous le règne du sultan Abou-Saîd et sous celui de son fils Abou'1-Hacen, ce peuple eut pour chef Ali-Ibn-Mohammed, personnage qui se distingua par son insubordination jusqu'à ce que le sultan Abou-'l-Hacen, étant monté sur le trône, le bloqua dans la montagne où il s'était retiré et le contraignit à faire sa soumission. Ali entra alors au service de l'état et, pendant le reste de ses joars, il continua à toucher un fort traitement et à jouir d'une grande considération. Il mourut de la peste à Tunis, quelque

1 Variantes: Meknoun, Menkoun.

2. Variante: Tagiyout.

temps après la déroute de Cairouan 1. Ses fils exercèrent l'autorité après lui, mais leur mort et l'extinction de cette branche de la famille ont fait passer le commandement à la branche collatérale.

Les Fatouaka forment la section la plus grande et la plus puissante des Heskoura, celle qui est la plus favorisée par le souverain mérinide et qui est employée le plus souvent à son service. Lors de la chute des Almohades, la famille des BeniKhattab avaient pris le parti des fils d'Abd-el-Hack, [aïeul des princes mérinides]; aussi le gouvernement mérinide la choisit pour commander aux Heskoura. Sous le règne de Youçof-IbnYacoub, cette tribu eut pour chef Mohammed-Ibn-Masoud [-IbnKhattab] et, ensuite, Omar, fils du précédent. Omar mourut à sa résidence, dans la montagne, l'an 704 (1304-5), et fut remplacé par Mouça-Ibn-Masoud, son oncle paternel. Le nouveau chef ayant montré des dispositions hostiles au gouvernement mérinide, se fit emprisonner par le sultan; mais, en l'an 706, il recouvra la liberté. Après lui, le commandement des Heskoura passa à Mohammed-Ibn-Omar-Ibn-Mohammed-Ibn-Masoud.

Lors de l'affermissement de l'empire mérinide par la destruction de la puissance masmoudienne [ou almohade], la nouvelle dynastie confia aux chefs de ces tribus le soin de percevoir l'impôt chez elles; mesure dictée par la considération que ces personnages étaient de la même race que leurs contribuables [et éprouveraient, par conséquent, moins de difficultés dans l'exécution de leur tâche]. Parmi les plus puissants chefs de cette époque, on distinguait surtout les Aulad-Younos, émirs des Hintata, et les Beni-Khattab, émirs des Heskoura. Ces deux familles se chargeaient, tantôt l'une, tantôt l'autre, de faire rentrer les impôts des provinces qui dépendaient de la ville de Maroc. Mohammed-Ibn-Omar, celui dont nous venons de parler, remplit les fonctions de percepteur en remplacement de MouçaIbn-Ali, cheikh des Hintata, et de Mohammed, frère de Mouça. Il conserva cette charge toute sa vie et mourut peu de temps avant

Voy. t. u, hist. des Hafsides, et, t. iv, hist. des Mérinides.

le désastre de Cairouan. Son fils, Ibrahîm, partit alors pour rejoindre le sultan Abou-'l-Hacen; mais, arrivé à Tlemcen, il apprit qu'Abou-Einan s'était fait proclamer sultan. Cette nouvelle le décida à rentrer dans sa montagne, et, comme il s'y montra serviteur dévoué d'Abou-'l-Hacen, il encourut l'inimitié d'Abou-Einan et fut attaqué par son oncle Abd-el-Hack qui venait d'obtenir de ce prínce l'administration des provinces marocaines. Il persévéra, néanmoins, dans sa résistance et, jusqu'à l'occupation de Maroc par Abou-'l-Hacen, il se distingua comme le partisan le plus brave, le plus fidèle de cet infortuné monarque. Lors de la mort d'Abou-'l-Hacen, Abou-Einan le fit emprisonner, et, en l'an 757 (1356), avant de partir pour Tlemsen, il lui ôta la vie. Mansour-Ibn-Mohammed, frère d'Ibrahîm, lui succéda et garda le commandement de la tribu jusqu'à l'an 776 (1374-5), quand l'émir Abd-er-Rahman, fils d'Abou-Ifelloucen, prit possession de la ville de Maroc. Ce prince l'ayant alors cité devant lui, le mit aux arrêts dans la maison de Beddjou-Ibn-elAlam-Ibn-Mesri-Ibn-Masoud-Ibn-Khattab, un de ses officiers et cousin du prisonnier. Ce Beddjou était allé avec son père se ranger du côté des Mérinides, afin d'échapper à l'inimitié de la famille de Mohammed-Ibn-Omer qui yoyait en lui un compétiteur pour le commandement de la tribu. Beddjou n'eut pas plus tôt reçu son parent chez lui, qu'il le fit assassiner avec ses fils. Par cet acte de vengeance, il encourut la colère du sultan [Abd-er-Rahman] et se fit mettre en prison. Peu de temps après, il recouvra la liberté et, ayant obtenu le commandement des Heskoura, il continue encore à l'exercer.

NOTICE DES SANHADJA DE LA TROISIÈME RACE.

Cette race sanhadjienne n'a jamais possédé d'empire, bien qu'elle soit, de nos jours, une des tribus les plus nombreuses du Maghreb. Une de ses fractions habite la partie orientale de l'Atlas, entre Tèza, Tedla et Mâden-Beni-Fazaz. Là, du côté de l'ouest, leur territoire est séparé du pays des Masmouda, dans l'Atlas, par le défilé qui mène à Akircilouîn, dans la région dac

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