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Quelle surprise réservait-il? Allait-on trouver un trésor? Je fus bien près de le croire.

Tout d'abord apparut la suite de l'inscription, formant une longue bande en haut du côté encastré. Puis, immédiatement au-dessous, une frise d'oiseaux et de bêtes bizarres.... Sans doute, était-ce le côté le plus chargé de figures sculptées que les musulmans puritains du Moghreb avaient scellé dans la muraille et dérobé aux pieux regards comme une abomination. Dans mon impatience, je pris souvent moimême l'outil en main. Mais, hélas! une déception succèda à de trop grands espoirs. Rien ne restait sous la frise d'oiseaux que de vagues bosselures du marbre, où l'on a peine à reconnaître les restes de figures détruites.

Sur le petit côté gauche, je trouvai la fin de l'inscription, mais, là non plus, aucune image.

DESCRIPTION.

Pour n'avoir pas donné tout ce que j'en avais attendu, ces travaux n'en offraient pas moins des résultats fort précieux.

La cuve dégagée fut amenée au milieu de la pièce et put ainsi être examinée à loisir. Elle mesure extérieurement 1 m. 55 de long, sur o m. 70 de haut et o m. 82 de large. A l'intérieur, la profondeur est de o m. 50 et la largeur médiane de o m. 62, ce qui donne aux parois une épaisseur moyenne de o m. 10 el au fond une épaisseur de o m. 20. Elle est taillée dans un seul bloc de marbre blanc, transparent aux angles, doucement doré par la patine du temps et où l'on ne découvre aucune veine.

Décor extérieur. -- 1 Côté des rinceaux (pl. 1). La partie décorée occupe toute la longueur, soit 1 m. 53, et une partie seulement de la hauteur, soit o m. 415. Ce champ orné est séparé du bord supérieur par une bande de 5 à 6 cm., aujourd'hui unie, mais portant les traces d'une inscription qui a été détruite au burin. Il est séparé de la base par un grand méplat de 24 cm. La bande sculptée, elle-même, comprend deux frises superposées.

La frise supérieure se compose d'une bande de motifs, moitié flo

raux, moitié géométriques, encadrée d'abord par une baguette méplate, large d'à peu près o m. 015, puis par un riche cadre de rinceaux à fleurettes étoilées. La frise inférieure est formée d'un seul entrelac de palmettes à une et deux branches. Ces deux frises, malgré les différences de leurs éléments, forment un ensemble bien lié.

La bande encadrée est formée de baguettes et de fleurons. Les baguettes dessinent sept dents de scie qui alternent avec autant de figures un peu plus compliquées, comprenant deux courbes raccordées par deux traits en angle droit. Ces baguettes sont sillonnées par une rainure longitudinale et se chevauchent en se croisant, c'est-à-dire que chacune, en rencontrant l'autre, passe, successivement, une fois par dessus et une fois par dessous. Elles ne forment pointe qu'à la partie supérieure de la bande. En bas (même celles des dents de scie) elles s'incurvent tangentiellement à l'encadrement méplat, pour faire un léger ressaut qui sert de base à un fleuron.

Ces fleurons sont de deux sortes. Les plus grands, placés sous les dents de scie, sont formés 1° à la base, par deux palmettes, reliées par une bague et divergentes, qui ne son: que le prolongement, la queue peut-on dire, des baguettes incurvées, lesquelles, ainsi, deviennent les tiges ou, plutôt, les racines des fleurons. Ces palmettes sont nervées de coups de burin très nets et très élégants (voir détail du côté gauche pl. II); 2° au-dessus, par deux autres petites palmettes divergentes, en cornet, sortant des deux premières, assez mollement indiquées et dont la forme n'apparaît nettement que dans le troisième fleuron à partir de la droite; 3° par deux grandes palmettes en cornet, divergentes, faites chacune de deux feuilles nervées au burin et séparées par deux œillets (2 grand fleuron à partir de la gauche). Ces grandes palmettes débordent largement le cadre de la dent de scie et vont emplir l'espace compris entre celle-ci et les motifs géométriques voisins, en passant l'une sous la baguette et l'autre par dessus.

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Les petits fleurons sont formés de deux paires de petites feuilles superposées et d'un motif trilobé ajouré par deux œillets.

L'encadrement est un entrelac, à base de circonférences tracées tangentes sur un rang. Sur le schéma viennent s'adapter des tiges, à section arrondie, sans rainures longitudinales, qui s'enroulent élégamment autour de fleurettes étoilées à six branches, dont le cœur

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occupe le centre des circonférences du schéma. Ces tiges se ramifient à chaque involution pour aller soutenir une fleurette. Un examen attentif permet de remarquer que l'ensemble da cadre a été composé avec un sens parfait de la symétrie, les fleurettes étoilées étant en effet disposées de la façon suivante :

Bande du haut moitié gauche Une fleurette s'élève au bout de sa tige. La suivante pend. La suivante s'élève. La suivante pend, etc... Toutes vont vers la gauche.

Bande du haut moitié droite Même alternance des fleurettes montantes et pendantes, mais toutes vont vers la droite.

Bande du bas Même alternance, même symétrie entre les deux moitiés de la bande. En outre, par alternance avec le haut, chaque fleurette du côté gauche va vers la droite et chaque fleurette du côté droit va vers la gauche.

Le milieu de la bande du haut est marqué par deux petits fleurons en sorte qu'on a, en réalité, deux guirlandes qui se séparent pour courir, d'un mouvement continu, chacune d'un côté autour de la frise.

La deuxième frise présente un caractère assez nettement différent de la première. C'est un grand entrelac de palmettes, à une ou deux branches, magnifiquement jeté, d'une grande richesse d'effet, et de style déjà purement musulman. La base du schéma est une courbe ondulante, qui forme des vagues régulières, un peu plus larges que hautes. A cette courbe s'adapte la tige principale. Si l'on en suit la course de droite à gauche, dans la moitié droite de l'entrelac on remarque qu'elle engendre, à mi-hauteur de la frise, à chaque montée, une tige secondaire qui s'incurve vers la droite en montant et, à chaque descente, une tige qui s'incurve dans le même sens, en descendant. Ces tiges secondaires s'enroulent en rinceaux qui se terminent par les palmettes qui forment la partie meublante du décor et qui occupent toutes le premier plan, c'est-à-dire interceptent toujours de leur largeur la ligne mince des tiges dont elles sont issues. Ces palmettes sont, comme les tiges, ornées d'une rainure longitudinale qui en suit le bord concave. Le limbe de la feuille est ciselé de côtes transversales, creusées deux par deux et séparées par des œillets. Les palmettes à une seule branche portent, à la base, un renflement for

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