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contiennent les notes dont certaines prennent les proportions d'un article ; cela même motivant leur séparation du texte, encore qu'on eût préféré les rencontrer au bas des pages. L'index minutieux qui doit terminer tout ouvrage d'un caractère aussi général ne manque pas à celui-ci. Quiconque étudie l'Islam et je ne songe pas qu'aux érudits ne pourra donc se dispenser de recourir à cette traduction d'un texte souvent difficile pour qui ne connaît pas profondément l'allemand. On y joindra le très clair volume: Les institutions musulmanes de M. GaudefroyDemombynes signalé d'autre part, et qui contient l'essentiel des questions que Goldziher a volontairement négligées.

Henri MASSÉ.

C. AUTRAN. • Phéniciens » : Essai de contribution à l'histoire antique de la Méditerranée. Paris, P. Geuthner, 1920, XV et

146 p.).

Après Movers, après Helbig, Autran apporte sa solution du problème phénicien : les Phéniciens, selon lui, ne sont pas des Sémites, mais des Indo-Européens, des asianiques venus des régions du Caucase. Il m'a paru (dit-il) qu'au fond de toutes (les civilisations anciennes) résidait un élément commun, et que cet élément était précisément l'élément asianique. J'ai donc essayé de les comprendre en fonction de l'Asie Mineure et du Caucase auquel l'Asie Mineure se rattache » (p. XIII).

La thèse de l'auteur, assez confusément exposée dans la première partie de l'ouvrage, semble pouvoir se résumer ainsi : les Grecs ont subi l'influence des Phéniciens; or ces Phéniciens seraient, à l'origine », des Cariens (p. 55); ces Cariens appartenaient au groupe « caro-lyco-cilicien » d'Asie mineure; la Phénicie fut, d'abord le point de départ de leur expansion coloniale, ensuite leur dernier refuge à la fin de cette même expansion. Quant à la Phénicie sémitique, celle que nous connaissons traditionnellement, elle n'est plus, suivant cette conception, qu' replatrâge (sic) de basse époque disons postérieur à 1.2001.000 avant J.-C. qui nous masque la vraie Phénicie..., la Phénicie égéenne » (p. 58).

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On ne peut songer ici ni à exposer ni à discuter les arguments historiques et linguistiques de l'auteur; on signalera néanmoins qu'il ne présente, à l'appui de sa thèse, que deux textes d'Athénée, textes tardifs et qu'il interprète le plus largement du monde ; la même liberté d'interprétation se révèle à travers une série d'assimilations linguistiques portant sur des noms historiques et géographiques.

Dans l'histoire de ce qu'il considère comme la vraie Phénicie », Autran discerne trois phases: « Une première occupation

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sémitique a eu lieu; puis une brillante période égéo-cananéenne ; puis un nouveau retour de sémitisme s'est produit » (p. 65). Cette première période sémitique qui semble avoir duré quatre ou cinq siècles » (p. 59) et posséda une industrie indigène, pauvre de technique, indigente en modèles, existant néanmoins en tant qu'industrie, Autran la tient délibérément pour négligeable; il ne veut même pas examiner si les « non-Sémites asianiques (qu'il énumère p. 71-73) lui ont emprunté quoi que ce soit; bien qu'il déclare plus haut (p. 59) que leur influence se borne à << renouveler pour ainsi dire la civilisation locale » (et il est difficile de ne pas admettre un jeu d'action et de réaction, dès lors que deux civilisations se trouvent en présence), à ses yeux la Phenicie n'a d'existence réelle qu'à partir de ces « non-Sémites asianiques ». C'est là, semble-t-il, faire bon marché de quatre ou cinq siècles » de civilisation antérieure.

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Quant au nouveau retour de sémitisme » « qui caractérise la troisième phase de cette histoire, il s'agit de la décadence de ces Phéniciens non-sémites « refoulés, usés par les Egyptiens, les Babyloniens» (p. 75).

Une objection se présente aussitôt comment ces Phéniciens non-sémites, en dépit de la si brillante civilisation que leur attribue Autran, n'ont-ils laissé en Syrie-Palestine aucune trace de leur passage? Car, l'auteur le reconnaît, « de cette société qui a fleuri en Palestine de 2.500 environ à 1.200-1.000 avant J.-C., nous ne possédons... aucun vestige épigraphique rédigé en caractères dits phéniciens» (p. 78). Eh bien d'abord, « la réponse à cette question ne saurait être que provisoire, car le sol est assurément loin de nous avoir livré tous ses secrets »; ensuite, un texte d'Hérodote (cité p. 77) nous apprend que les Ioniens écrivaient sur des peaux, matières périssables que les Phéniciens en aient usé de même, cela ne fait aucun doute pour Autran, encore qu'aucun témoignage ne permette de l'inférer; et cela suffit, selon lui, à expliquer l'absence de documents.

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Puisque les documents font défaut, il faut y suppléer par la déduction et au besoin par la conjecture. A la fin de cette première partie, Autran, jetant un regard en arrière, dresse (p. 8081) une énumération des faits invoqués par lui comme favorables à sa théorie, énumération qui sert en quelque sorte de fil d'Ariane à son livre et qu'il aurait bien dû signaler dès sa préface. Les quarante dernières pages de l'ouvrage illustration de la théorie sont consacrées, d'abord « à dépeindre la physionomie générale de cette société » (p. 82 et suiv., ce qu'Autran avait déjà esquissé p. 74), puis à exposer le peu qu'il nous est permis d'entrevoir de son histoire » (p. 93 et suiv.).

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La peinture de cette société « phénicienne non-sémite », pour laquelle l'auteur renonce momentanément à son système de copieuse annotation, et dont certains traits font songer à la

manière d'un Gobineau, apparaît comme une sorte d'hymne en l'honneur de l'activité aussi disciplinée que puissante de cet âge d'or. L'auteur tente ensuite (p. 93) de définir précisément ce qu'il entend par « Phéniciens non-sémites» ils constituent, à ses yeux, la première de trois grandes invasions descendues (d'où ? il ne le dit pas clairement) vers la Méditerranée « par le fond de l'Asie mineure », les deux autres étant celle des Hétéens, puis celle des Perses. Quant à cette première invasion, ce serait celle des « proto-Hétéens » (dont Winckler avait déjà parlé) ou des « Phéniciens-Lélèges » (XXVe-XVIe s. av. J.-C.), invasion de beaucoup la plus féconde ». Or, ajoute aussitôt l'auteur, l'indigence de nos sources rend la diffusion de cette plus ancienne vague très malaisée à suivre. On la pressent en réalité plutôt qu'on ne la voit» (p. 97). Ce qui ne l'empêche pas d'y discerner trois courants principaux : l'un vers la Mésopotamie; l'autre vers la Méditerranée, par l'Egypte et l'Afrique du Nord (car Autran n'hésite pas à trouver un élément << thracoasianique» au Maghreb, cf. p. 110, n. 8); le dernier à travers l'Egée, avec « pour base, la Phénicie-Chanaan ». Les quelques pages que l'auteur consacre à imaginer cette triple évolution se terminent, il faut le dire, par cette conclusion très nette: En face de cet écheveau compliqué..., toute science demeure désarmée, toute recherche impuissante. Autant vaudrait, à 4.000 ans de distance, tenter de retrouver la trace des paroles dans l'air ou des navires sur les flots. »

Tout aventureux que paraisse cet ouvrage, on ne saurait le traiter négligemment, en raison de l'érudition dont témoignent les notes. « On me reprochera sans doute un excès d'imagination », écrit Autran, au début de sa préface (dont certains passages, notamment p. IX-X, semblent quelque peu renaniens). Imagination, non pas à vrai dire, car il faut concéder à l'auteur ce dont il parle en même temps: « un effort sérieux pour ne rien affirmer sans preuves ». Mettons plutôt : « sans documents à l'appui », car « preuves », cela suppose conviction et Autran ne l'emporte pas, malgré son indiscutable ingéniosité. Et encore faudrait-il s'entendre sur le choix de ces documents, tant au point de vue de l'autorité et de l'ancienneté des sources qu'à celui de l'interprétation. On relèvera facilement ça et là des déclarations de ce genre: «Il est beaucoup plus vraisemblable, à notre avis, de voir en cet Apis un nom de Carien ou d'Ionien, venu d'Egypte, si l'on veut » (p. 24-il s'agit du dieu Apis); ailleurs (p. 27), tel nom se retrouve, au moins en apparence, chez les peuples d'Asie mineure »; ou bien encore (p. 75): « Les relations entre la Grande Phénicie (Syrie-Palestine) et la Grèce achéenne semblent être restées longtemps cordiales, fait dû probablement à la neutralité phénicienne au cours de la guerre de Troie » (aucune référence). A vrai dire, ce sont là sentiments plutôt

qu'arguments; et l'on en peut dire autant de cette dernière phrase où l'auteur reconnaît implicitement la fragilité de son argumentation linguistique: « A défaut d'indication linguistique certaine, les caractères généraux d'une civilisation ne sauraient guère tromper... » (p. 92).

Il serait déplorable que le public non prévenu, et enclin à prendre pour des certitudes de simples conjectures, lût le livre d'Autran, qui ne l'a du reste pas écrit à son intention; l'archéologue, en revanche, sans même en accepter le fond, ne peut lire qu'avec curiosité ce travail où l'auteur s'est proposé d'« établir une sorte de maquette... à très petite échelle... pour l'histoire des civilisations anciennes » (p. XIII), autrement dit de substituer à l'ordre traditionnel de l'histoire ancienne une conception nouvelle. Tentative qui ne saurait laisser personne indifférent; mais l'idée s'est-elle dégagée spontanément des faits, ou, tout au contraire, les faits ont-ils été docilement pliés au service d'une idée ? C'est la seconde de ces suppositions qu'il y a lieu de craindre. Au demeurant, l'auteur lui-même croit-il absolument à son hypothèse ? Il est au moins permis de se le demander si l'on s'en rapporte à sa préface dans laquelle il censure (p. XIII) tous ceux qui ont la faiblesse de croire posséder la vérité décisive ».

Henri MASSÉ.

Revue des Périodiques

Rodd Balek: La

La

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Afrique française (L'). Janvier 1921. Tunisie après la guerre (suite, février, mars, avril mai). question de Tanger. Chronique Algérie, Tunisie, Maroc. Février. Chronique Algérie (Mort de Moussa ag Amastane), Tunisie, Maroc, possessions espagnoles. Renseignements colc

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niaux : Fidel : Une mission en Tripolitaine (suite, mars, avril). Mars. L'Espagne au Maroc et la question de Tanger. A la commission arbitrale des litiges miniers au Maroc (suite, avril). - K. Ben Ghabrit: l'Institut musulman à Paris. Avril. Askri: L'Ecole militaire d'élèves officiers de Meknès. El Fqih: L'Espagne au Maroc et la question de Tanger. A. Micklès : Quelques lettres du P. de Foucauld. Echos Une Anglaise à Koufra. Chronique Tunisie, Maroc et Sahara espagnol. Lybie. Mai. Eugène Etienne : Souvenirs et impressions, par Robert David. L'Espagne au Maroc et la question de Tanger. --Chronique Tunisie, Maroc, possessions espagnoles. Renseignements coloniaux: Cel Dinaux Esquisse géographique, politique et militaire des Territoires du Sud.

-

:

Annales de Géographie. 15 janvier 1921.

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E. F. Gautier et M. Larnaude: L'Oued Saoura. 15 mai. M. Larnaude: Excursion interuniversitaire en Algérie. - R. Lespès : Le port d'Alger. Notes et correspondance: de Martonne: Notes de géographie physique algérienne. Max. Sorre: Du Tell au Sahara. sols du Tell entre Oran et Alger. L. Gallois Les indigènes.

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et sépultures néolithiques du territoire militaire du Tchad. Delafosse Les langues de l'Afrique.

M.

Bulletin de la Société de Géographie d'Alger. 1921. Actes de la Société. Ch. Vicard: Le territoire de Bou-Denib avant la guerre. Marie Bugéja: Visions des cimes. F. Lefèvre-Paul : La région d'El-Biar. Capitaine Le Maitre Le Service géographique de l'armée pendant la guerre. Maurice Olivaint: Dans les mers du Sud. F. Fefèvre-Paul: Les pluies artificielles.

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Bulletin de la Société de Géographie et d'Archéologie d'Oran. Mars 1921. - A. Julien L'opposition et la guerre d'Alger à la veille de la conquête. F. Domergue: Le Cimetière des escargots. A. Moteley Curieuse poterie trouvée aux Andalouses. A H. Noël : La réglementation de l'exploitation de l'alfa dans la province d'Oran.

Variétés.

Bibliographie.

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