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A PROPOS DU
DU FONDS ARABE-TURC

DES

Archives du Gouvernement Général de l'Algérie

Dans un article intitulé « Le Fonds des Concessions d'Afrique et l'Organisation des Archives du Gouvernement Général de l'Algérie » (La Révolution Française, Revue d'hist. mod. 1908, pp. 385 à 401), M. Busquet, précédemment archiviste du Gouvernement Général, a déjà signalé l'intérêt qu'il y aurait à exploiter avec méthode le fonds des archives algériennes.

J'ai profité récemment (du 20 mars au 16 avril 1921) d'une mission gratuite accordée par le Ministre de l'Instruction publique pour examiner le fonds arabe-turc de ces archives auquel on n'a pas touché depuis Devoulx et Féraud, c'est-à-dire depuis un demi-siècle, et sur lequel M. Esquer, le très obligeant archiviste actuel, m'avait donné quelques précisions dès 1914, par l'intermédiaire de M. René Basset.

Après une série de tâtonnements, j'ai été amené à constater que le fonds auquel M. Busquet donne, dans son article, le nom de « Fonds arabe-turc des Archives domaniales d'Alger (1627-1830) » se compose en réalité de deux fonds distincts, qu'on a réunis, à tort, en un seul, en appariant les numéros semblables.

Ces deux fonds avaient été enregistrés par Devoulx en deux inventaires séparés :

<< L'inventaire général des documents arabes et

turcs >>.

2° « L'inventaire des registres du Beït-ul-Mâl (Domaine) ».

Seul le premier de ces inventaires a été conservé, en manuscrit.

Dressé en arabe par un scribe indigène, il comporte une traduction en regard établie par Devoulx.

C'est d'après cet inventaire que sont délivrés les documents aux chercheurs. Or, par suite de la fusion des deux fonds, il arrive et cela a été le cas pour moi lieu du document demandé on reçoive un registre dɩ Beït-ul-Mål.

qu'au

J'avais été conduit ainsi à penser tout d'abord que le fonds arabe-turc avait été en partie dilapidé et en partie versé à la Bibliothèque Nationale d'Alger, où se trouve, en effet, les trente-trois premiers numéros du premier inventaire de Devoulx (— les registres de solde des janissaires; cf. la Rev. Afr. de 1920) et le n° 60 du même inventaire (— Tachrifât, publié en traduction par Devoulx).

Bien que corroborée, en apparence, par le fait que dès avant la guerre, le hasard d'un achat m'avait mis en possession de certains documents émanant manifestement de l'ancienne Régence et paraissant provenir de la succession Devoulx, cette opinion s'est trouvée être fausse. En réalité ce fonds est plus riche qu'on ne le croyait, mais il se trouve dans un fâcheux état de confusion. Je m'empresse d'ajouter que M. Esquer n'est nullement responsable de cette situation qui a été crééc antérieurement à la remise des archives par le Service de l'Enregistrement et des Domaines et qui s'est perpétuée depuis grâce à la désaffection manifestée à l'égard de ces documents. par le monde savant.

Il y aurait lieu, par conséquent :

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1o de disjoindre en les reclassant les deux fonds. Ce travail serait matériellement facilité du fait que sur les étiquettes les chiffres employés ne sont pas les mêmes: ils sont généralement beaucoup plus gros pour le fonds du premier inventaire. Dans les cas, où cette différenciation n'a pas été observée, il suffira de se reporter à une seconde étiquette collée à l'intérieur de la reliure et portant les indications suivantes : « Service de l'Enregistrement et des Domaines. - Archives arabes. - Le présent ouvrage a été classé sous le n° de l'inventaire des

registres du Beït-ul-Mâl, signé : Devoulx ».

2o de dresser un inventaire pour le fonds des «< registres du Beït-ul-Mâl ». Je me propose de le faire ultérieurement et de demander, à cet effet, une mission de plus longue durée.

J'ajoute qu'il y aurait lieu d'examiner également si les pièces désignées dans l'article précité de la Révolution Française sous le nom de « fonds correspondants des Archives domaniales d'Oran et de Constantine » constituent réellement un fonds à part, ou s'il ne s'agit pas · comme cela paraît probable - des documents enregistrés au premier inventaire de Devoulx sous les chapitres 2 (province. de Constantine: n° 470 à 490) et 3 (province d'Oran : n° 491 et 492).

Voici d'ailleurs le plan de l'inventaire en question:

re

1 Partie. — Registres arabes et turcs (n° 1 à 508).

Chapitre I.

Province d'Alger (n° 1 à 469).

§ 1. Beylik (n° 1 à 144).

§ 2. Fontaines (n° 145 à 159).

§ 3. La Mecque et Médine (immeubles appartenant à) (n° 160 à 400).

§ 4. Sboul-Kheïrat (Fondations pieuses) (n° 401

à 443).

§ 5. « Andaloux » (n° 445 à 448).

§ 6. Etablissements religieux (no 449 à 453).

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7. Janissaires et beylik (no 456, 457).

§ 8. Localités diverses (n° 458 à 469).

Chapitre II. Province de Constantine (n° 470

à 490).

Chapitre III.

Province d'Oran (n° 491, 492).

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Ouvrages arabes et turcs n° 1 à 21 (Corans,

poésies) (1).

3o Partie. Neuf liasses de lettres et fragments.

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J. DENY.

(1) Ces volumes qui offrent peu d'intérêt ont été, en partie, tout au moins (par exemple le n° 5) englobés à leur rang nu. mérique dans l'ensemble de la première partie, ce qui constitue une nouvelle cause de confusion dont on tiendra compte.

Bibliographie

BONNEL DE MÉZIÈRES. Recherches sur l'emplacement de Ghana et sur le site de Tekrour (Extrait des Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, T. XIII, 1re partie). Paris, I. N. 1820, 49 p. in-4°.

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Ghana (ou Ghanata) a été la capitale d'un empire du Soudan célèbre avant le XIIe siècle, et dont le déclin fut amené par la conquête almoravide. Naturellement. il est intéressant de retrouver les ruines de cette ville et c'est la tâche qu'a entreprise M. Bonnel de Mézières connu par de fructueuses missions au Soudan. D'après les indications des géographes arabes, cette ville devait être située au Sud de Néma. Il existe en effet, dans cette région une localité en ruines du nom de Ghanata, mais elle ne répond nullement au caractère de celle qui est décrite par El Bekri. Au contraire, celles de Koumbi, à deux journées et demie au Sud de Néma, s'accordent mieux avec les données du géographe arabe; ce sont les restes d'une ville prospère, construite en pierres, où se trouvent les débris de tombeaux importants. Mais il est un autre point qui pourrait, à certains égards représenter Ghana et que M. Bonnel a aussi exploré, c'est Settah : mêmes ruines, mêmes vestiges. On hésite entre les deux et une inscription pourrait seule trancher la question. Malheureusement, aucune jusqu'ici n'a été retrouvée, ce qui peut paraître étonnant, puisqu'il s'agit d'une communauté qui a été florissante.

En tout cas, comme El Bekri ne mentionne que Ghana comme ville considérable de cette région, Koumbi et Settah ne peuvent avoir co-existé et l'une d'elles doit être postérieure à l'autre, ce qui est le cas de Oualata. Il semble que l'antique Ghana était à Koumbi, mais de nouvelles fouilles, et surtout la découverte d'une inscription pourront seules trancher la question. On peut espérer que M. Bonnel de Mézières qui a tant fait dans ce domaine, aura le mérite de résoudre ce problème.

Le mémoire se termine par des recherches sur l'emplacement de Tekrour que l'auteur, sur les indications de M. Gaden, croit retrouver dans les ruines de Tokora, à l'extrémité de l'Ile de Morfil, non loin du tombeau d'Abou Dardaï, le prétendu compagnon du Prophète, qui aurait introduit l'islam dans cette région, tandis que la carte de M. Delafosse plaçait cette ville près de Podor. Le nom de Tekrour (d'où vient celui de Toucouleur) était aussi celui d'un empire qui, vers 1340, s'étendait à l'Ouest jusqu'à l'Atlantique, comme l'indique un passage du Kitab et Ta'rif de Chihâb eddin El Omari (Le Qaire, 1912 hég. in-4°, p. 27) que j'avais signalé à M. Bonnel de Mézières. L'identification de Takrour et Tokora me parait très possible.

Des mémoires comme celui-ci sont une utile contribution à la

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