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COMPTE RENDU

DES

FOUILLES FAITES EN 1904

PAR

M. A. DEBRUGE,

Membre de l'Association française pour l'avancement des sciences et de la Société Archéologique de Constantine

Abri sous roche;

Station de pêche de l'époque transistoire de la pierre aux métaux;

Tumulus berbère;

Petite grotte annexe de la station de pêche.

BOUGIE

Dans le compte rendu que nous avons présenté en 1904 à la Société archéologique de Constantine, relativement au dégagement de divers abris sous roche, au lieu dit les Aiguades, près de Bougie, nous avons donné un aperçu général de l'endroit; mais nous devons forcément y revenir aujourd'hui, tant pour les personnes qui n'en auraient pas eu connaissance, que pour les autres qui, quoique l'ayant lu, ne l'auraient plus présent à la mémoire.

Lorsqu'on arrive par mer dans l'immense golfe de Bougie et, au fur et à mesure que se dessinent les masses rocheuses, les criques profondes découpées sur la côte, puis enfin la coquette petite cité, on est émerveillé de la sauvagerie des sites; c'est qu'en effet, nous nous trouvons dans un des coins les plus pittoresques du littoral algérien. Aussi, toute blanche et construite un peu en amphithéâtre, l'ancienne Saldæ, la ville maraboutique, attire-t-elle chaque année un nombre important de touristes.

Toutefois, l'aspect grandiose perd une bonne partie de sa valeur, par le charme même qu'exerce la vaste nappe bleue sur les étrangers et, il est bien peu de personnes, pouvant évaluer même approxi

mativement la hauteur des sommets que l'on a devant les yeux, les divers et puissants pics du Gouraya.

L'impression est toute différente si, consentant à se fatiguer un peu en prenant une des voies de communication, on parvient à faire l'ascension de l'une ou l'autre des hauteurs entrevues à l'arrivée.

Réellement alors, on envisagera l'effet d'optique produit par la transparence de l'atmosphère et par la distance, à tel point, qu'on sera à se demander sont-ce bien là, les montagnes entrevues? Le souvenir emporté d'une telle promenade sera vivace et se gravera profondément dans la mémoire.

Entre toutes ces promenades adoptées par les touristes et la population bougiotte, celle du grand phare Carbon est la plus courue, c'est qu'elle est aussi la plus pittoresque.

Situation

En sortant de Bougie par la porte est (des casernes), on longe le cimetière catholique et s'élevant graduellement, par un chemin fort accessible et même carrossable, on arrive à dominer de plus eu plus la mer à sa droite, à des distances plus ou moins variables, selon les lacets de la route. A un certain endroit, celle-ci se bifurque; devant on continue vers le cap Bouak, petit phare, tandis que sur la gauche on gravite dans la direction de Carbon.

Plus on avance, plus la sauvagerie des lieux augmente et plus elle est imposante. Des rochers majestueux se succèdent continuellement et bientôt nous nous trouvons à la base des crêtes importan

tes du Djebel-Gouraya, lesquelles commençant au cap Noir, se dirigent vers l'ouest, tantôt assez loin, tantôt presque à pic sur les bords de la mer. Laissons le touriste s'engager sous le tunnel trouant le massif et s'éloigner vers le grand phare, et arrêtons-nous entre le cap Bouak et le cap Noir, c'est là que nous allons trouver les traces d'un passé, lesquelles vont faire l'objet de ce travail.

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A quelques centaines de mètres du Grand Abri, dégagé en 1903(1), après avoir dépassé la hauteur du petit phare, aussitôt le deuxième tournant et, en bordure du chemin se dirigeant vers Carbon, sur la droite, existait un bel abri qui avait pu échapper jusque là à nos investigations.

Une coupe de broussailles pratiquée à cet endroit, dans le courant de l'hiver 1903-1904, l'a démasqué.

Nous l'avons partiellement dégagé et quelques jours ont pu nous suffire pour nous assurer que là, du moins, il n'y avait rien à faire. Nous avons eu tout lieu d'en être surpris, car la disposition en était merveilleuse.

La couche de surface nous offrait de rares charbons, des débris de poterie n'ayant rien de néoléthique, quelques briques tout comme dans nos diverses fouilles des Aiguades l'an dernier. D'après ce caractère particulier, nous pensions trouver en dessous une couche franchement archéologique.

(1) Recueil des Notices et Mémoires de la Société archéologique de Constantine, 1903, page 146.

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